Après plusieurs mois de retard, la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté a été dévoilée le 13 septembre 2018 par Emmanuel Macron. L’ensemble des mesures ont été évalués à 8,5 milliards d’euros. Un investissement dérisoire au regard des coupes déjà effectuées sur les aides sociales et les réductions fiscales accordées aux ménages aisés.
Bien sûr, certaines mesures tombent sous le sens et répondent aux attentes des associations. C’est notamment le cas des petits-déjeuners gratuits dans les écoles primaires situées en zone prioritaire, de l’extension de la « garantie jeune » ou du développement de la petite enfance. Mais ces bonnes idées disparaissent complètement derrière le manque de moyens pour les mettre en œuvre, ainsi que derrière la concomitance de propositions plus problématiques. Au premier rang de celles-ci : l’extension de la CMU-C.
Une attaque contre l’universalité
Sous couvert de simplification et de lutte contre le non-recours aux droits, le gouvernement ressort des tiroirs la vieille idée de fusion entre la CMU-C et l’ACS. Concrètement, il s’agirait d’étendre les garanties de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) aux actuels bénéficiaires de l’Aide à la complémentaire santé (ACS), en contrepartie du paiement d’une participation financière qui n’excéderait pas 30 euros par mois. Si l’objectif est louable, cette solution porterait une attaque sensible à l’universalité des droits. Elle faciliterait la dérive vers un système à l’américaine où seuls les plus précaires percevraient des aides sociales, institutionnalisant ainsi la segmentation entre deux catégories de citoyens.
Les Mutuelles de France portent à la place l’ambition d’une protection sociale solidaire, universelle et de haut niveau. Elles poursuivront le travail engagé auprès de plusieurs associations pour obtenir une réforme globale des dispositifs d’aide et continueront de promouvoir un système unique, automatique et universel.
Avec un système unique et universel, tout le monde bénéficierait d’une aide pour accéder à une complémentaire santé. Cette aide serait versée automatiquement afin de mettre fin au non-recours, qui dépasse aujourd’hui les 50%. Son montant serait définit en fonction du niveau de revenu de chacun. Elle serait a minima financée par la fusion de tous les dispositifs existants (CMU-C, ACS, aides fiscales, exonérations de cotisations sociales prévues dans l’ANI, etc.).