Plus de trois millions de personnes seraient exposées à un risque d’épuisement professionnel en France.

La tendance s’est aggravée ces dernières années avec l’arrivée de nouvelles méthodes de management. Selon une étude du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), la France fait partie des pays de l’Union européenne où les salariés sont les plus exposés à une dégradation de leurs conditions de travail.

Les maladies psychiques liées à l’épuisement professionnel sont insuffisamment prises en compte par les pouvoirs publics. Quelques centaines de cas sont reconnus en France chaque année. A contrario, les pays ayant adopté des politiques volontaristes ont des résultats bien plus élevés. Par exemple, 83 155 cas ont été reconnus en Belgique en 2014. Si l’on rapporte cette donnée à la population française, ce sont plus de 400 000 cas qui pourraient être reconnus dans notre pays.

Reconnaître le syndrome d’épuisement professionnel comme maladie professionnelle ?

L’idée est dans l’air du temps. Après une première tentative en 2016, une nouvelle proposition de loi sur les pathologies psychiques consécutives au syndrome d’épuisement professionnel a été débattue au Parlement en janvier dernier. Les députés* qui la portaient demandaient l’inscription de ces pathologies au tableau des maladies professionnelles. Ils poursuivaient deux objectifs :

  • Faciliter la reconnaissance des cas de syndrome d’épuisement professionnel en France, première étape vers la guérison
  • Basculer le financement de la prise en charge sur la branche « Accidents du travail et maladies professionnelles », pour la faire financer par les employeurs

Les Mutuelles de France regrettent que le débat au parlement n’ait pas été à la hauteur de la gravité du sujet. Elles réaffirment que la question de l’épuisement professionnel ne pourra être réglée qu’à travers une approche globale qui prendra en considération notamment la question des conditions de travail et de la prévention.

La question des conditions de travail

Si la question de la reconnaissance, comme maladies professionnelles, des pathologies psychiques liées à l’épuisement professionnel se pose, c’est avant tout parce qu’il existe une souffrance de plus en plus en prégnante en milieu professionnel. C’est un sujet sur lequel les mutuelles de France sont investies depuis de nombreuses années. Pour combattre ce phénomène, il convient d’œuvrer en priorité pour l’amélioration des conditions de travail.  

La qualité de vie au travail commence par la qualité du travail lui-même. Le salarié doit pouvoir comprendre son rôle et le sens de son travail. A ce titre, le management agressif et les objectifs de résultats devraient laisser place à un processus participatif où chacun trouverait sa place. Définir les besoins en termes d’organisation du travail, de santé et de sécurité, c’est tout l’enjeu de la prévention des risques psycho-sociaux.

 

* Groupe parlementaire La France Insoumise (François RUFFIN)