Aujourd’hui en France, selon l’ANSES, un tiers de l’eau serait contaminée par les métabolites de chlorothalonil[1], un pesticide pourtant interdit en 2019. Dans le département de la Loire-Atlantique, cette contamination toucherait près de 90% de la population desservie avec des taux jusqu’à 6 fois supérieurs aux normes établies.
Un immobilisme politique préoccupant.
16% des captages d’eau potable sont privés de périmètre de protection, les exposant directement à des risques de contamination. En Seine-et-Marne par exemple, 100 des 350 captages actifs manquent de cette protection cruciale, soit 28%[2]. Or, ces périmètres sont essentiels pour protéger les sources d’eau des épandages de pesticides dont bon nombre sont cancérigènes avérés ou probable. L’inscription de ces espaces de protection définie par arrêté préfectoral se heurte parfois à des blocages politiques ou des ralentissements administratifs, ce qu’a encore démontrée la crise agricole de cet hiver.
En mars 2023, le président avait bien présenté un plan eau mettant l’accent sur la sobriété pour faire face à la sécheresse causée par le réchauffement climatique. Ce plan ne comprend toutefois pas de volet concernant la santé publique et la préservation des nappes contre les pesticides.
Il est urgent de s’engager dans une politique volontariste de préservation de l’eau et de prévention des risques sanitaires associés à la contamination de l’eau. Cette prévention, indispensable du point de vue de la santé publique de la population, permettra, en outre, d’éviter les coûts liés aux maladies. Une telle politique pourra également atténuer le coût du traitement complet des nappes contaminées, évalué entre 522 et 847 milliards d’euros[3] en 2011.
Les pesticides un impact concret sur notre santé
En France, l’impact concret des pesticides -souvent transportés par l’eau- sur la population, restent sous-évalués, les études se concentrant principalement sur les effets chez les agriculteurs. Une étude[4] établit une corrélation entre plusieurs maladies et l’exposition aux pesticides, notamment les cancers (prostate, leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs ou les pathologies thyroïdiennes.
Le seul coût humain de ces maladies devrait inciter à prendre des mesures concrètes pour limiter les risques. Par ailleurs, la détérioration de la qualité de l’eau, largement imputable aux pratiques agricoles productiviste et industrielles, représente un fardeau économique pour notre système de santé et de protection sociale.
Une approche d’une santé globale
La prévention des risques de la vie et la lutte contre les inégalités de santé sont au cœur de notre engagement mutualiste. Au-delà des déterminants sociaux de santé, le concept de « santé globale », travaillé lors du Congrès des Mutuelles de France à Marseille, permet de mettre en lien l’environnement et la santé humaine. Comme sur l’amiante hier, cette approche devrait impliquer pour l’eau, la mise en place de règles plus strictes, notamment dans les pratiques agricoles pour réduire les risques et préserver la sécurité alimentaire de toutes et tous. Elle encourage également la collaboration pour anticiper et gérer les dangers associés aux pesticides.
[1] Polluants émergents dans l’eau potable : le point sur les principaux résultats de la dernière campagne nationale | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
[2] Trop de captages d’eau potable ne sont pas encore protégés (reporterre.net)
[3] Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau | Office International de l’Eau – Eaudoc