En France, l’état de santé est marqué par un paradoxe : un bon état de santé en moyenne, mais des inégalités importantes dès l’enfance et tout au long de la vie. En 2009-2013, l’écart entre l’espérance de vie des cadres et celle des ouvriers est de 6,4 ans pour les hommes et 3,2 ans pour les femmes. À tout âge, la probabilité de mourir dans l’année des ouvriers est supérieure à celle des cadres, pour les hommes comme pour les femmes. Ainsi, les ouvriers ont un risque plus élevé de mourir prématurément, comme le confirme l’INSEE.
Des inégalités sociales particulièrement fortes face au cancer
Elles concernent tout le parcours de soins, des politiques de prévention au traitement en passant par le dépistage. On peut ainsi noter :
- Une plus grande difficulté à arrêter de fumer pour les personnes socialement défavorisées, plus grosses consommatrices de tabac, bien qu’étant autant désireuses que le reste de la population (voir le BEH de Santé publique France du 7 juin 2016) ;
- Le recours au dépistage (pour les cancers dépistables) semble toujours moins élevé parmi les individus les plus défavorisés (Tron, 2021) ;
- Une moins bonne chance de survie après un cancer pour les personnes vivant dans des zones les plus défavorisées (Tron, 2021) ;
- De fortes inégalités sociales de mortalité par cancer sont observées chez les hommes, en particulier pour les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS). Les inégalités sociales sont moins importantes chez les femmes, mais elles sont observées pour l’utérus, l’estomac et le poumon (INVS 2008).
L’environnement social a une incidence à tous les stades du cancer
L’environnement socioéconomique et social ont une incidence sur la trajectoire de soins à tous les stades du cancer. Les inégalités sociales de santé donc représentent un enjeu majeur de santé publique singulièrement dans le domaine du cancer. Elles pourraient être évitées par des mesures favorisant l’égalité des droits pour l’ensemble de la population et pour les populations les plus vulnérables. Un politique de santé ambitieuse de lutte contre le cancer doit intégrer la lutte contre les inégalités sociales en intégrant l’ensemble des acteurs concernés : professionnels de santé, mutuelles, chercheurs, pouvoirs publics et par exemple :
- Mieux repérer et comprendre les inégalités à chaque étape d’un parcours
- Garantir l’accessibilité financière des dispositifs de prévention
- Garantir l’accès le plus large aux traitements innovants.
- Mettre en place une coordination des acteurs garantissant les approches pluridisciplinaires et limitant les ruptures préjudiciables de parcours