Présentée par le Gouvernement comme un projet « de justice, d’équilibre et de progrès », la réforme des retraites est, en réalité, à l’opposé. Le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans est à rebours de l’histoire sociale. Il n’y aurait aucun gagnant : ni parmi la population, ni pour le système de retraite qui demeurerait sous-financé.
Une réforme qui prélèverait du temps de vie en bonne santé en particulier aux plus modestes
La principale injustice de cette réforme est qu’elle va toucher encore plus durement les plus modestes et ceux qui ont des métiers pénibles. Avec sa réforme du compte de pénibilité en 2018, le gouvernement d’E. Macron a réduit d’un tiers la population éligible et limité les cas de cumuls, rendant anecdotique le dispositif. Il prétend aujourd’hui répondre aux enjeux de la pénibilité mais il n’en est rien dans le projet de texte.
Ce sont les ménages et singulièrement les plus modestes qui seraient mis à contribution, cette fois en prélevant du temps de vie en bonne santé, voire de vie tout court : à 64 ans, 29% des hommes les plus pauvres sont déjà morts[1].
Une réforme qui pénaliserait et précariserait encore plus les femmes
Rappelons que ce sont les femmes qui ont déjà des pensions plus basses, du fait de salaires moindres, de carrières plus souvent hachées, de temps partiels subis. En France, les inégalités salariales persistent puisque les femmes gagnent en moyenne 22% de moins que les hommes[2]. Elles occupent très souvent les emplois les plus précaires et les moins qualifiés. Avec cette réforme, l’âge de départ effectif serait retardé de presque deux fois plus pour les femmes que pour les hommes.
Une réforme qui ne met pas à contribution toutes les richesses produites
Les profits ne sont pas sollicités, les franges les plus riches de la population ne seraient toujours pas mises à contribution. En 2022, ce sont plus de 100 milliards d’euros de profits des entreprises du CAC 40 en France qui ont échappé pour l’essentiel au financement de notre protection sociale. Cette réforme des retraites ne vise pas la justice sociale. Pourtant, il existe des alternatives pour un système de retraite plus juste et qui favorise l’égalité. Les Mutuelles de France demandent le renforcement de la Sécurité sociale en faisant participer toutes les richesses à son financement et en réalisant l’égalité salariale Femmes / Hommes qui donnerait du pouvoir d’achat immédiat et alimenterait le système des retraites.
[1] Etude de l’Insee de 2018 sur la mortalité des Français par niveau de vie
[2] Femmes et Hommes : une lente décrue des inégalités − Femmes et hommes, l’égalité en question | Insee