D’après le Haut Conseil du financement de la protection sociale, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait doubler d’ici 2040, pour atteindre une population comprise entre 1,7 et 2,2 millions de personnes. Les besoins financiers et la demande de services d’accompagnement devraient rapidement exploser.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a évalué l’impact de ces évolutions. Alors que la prise en charge de la perte d’autonomie avoisine les 30 milliards d’euros aujourd’hui, elle progressera peu à peu jusqu’à atteindre près de 50 milliards d’euros. Cette explosion des dépenses pourrait s’avérer dramatique pour les familles, qui assument déjà des restes à charges très élevés.

Le système actuel de prise en charge de la dépendance laisse à la charge des familles une somme évaluée autour de 6 milliards d’euros. Ceci s’explique entre autre par le fait que la perte d’autonomie nécessite l’intervention conjuguée de services médicaux et de services sociaux, chacun ayant son propre circuit de financement. Il faut ajouter à cela l’engagement quotidien et non quantifié de 8,3 millions d’aidants, ainsi que les coûts sanitaires, sociaux et financiers qu’il représente. Selon la DRESS, le stress, l’anxiété et le surmenage sont exprimés par les trois-quarts des aidants. Ils s’accompagnent de troubles musculo-squelettiques et de douleurs articulaires.

 

Pour une prise en charge solidaire

Malgré un partage unanime de ces constats, les mesures prises demeurent dramatiquement loin des enjeux. Sur le plan du financement notamment, le risque dépendance ne peut pas relever de logiques assurancielles et, ni les structures privées, ni les familles, ne pourront durablement pallier aux manques de l’Etat. C’est aux pouvoirs publics qu’il revient de soutenir l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie.

Il s’agit d’un risque universel, qui peut toucher chacune et chacun d’entre nous. Les réponses doivent donc être collectives et solidaires. Une fois un socle public posé, il est possible d’imaginer que les complémentaires prennent leur part, par des prestations spécifiques et la mise en place de services. Les mutuelles interviennent déjà à ce niveau, mais leurs actions pourraient être développées.

Il devient urgent de faire entrer les discussions sur le « cinquième risque » dans une nouvelle dimension plus concrète. Rappelons que, si l’on en croit un sondage Harris interactive pour la Mutualité Française, la dépendance liée au vieillissement constitue « un sujet prioritaire » pour 90% de la population.