« Le travail, c’est la santé » ?

Au cours de sa vie, un homme a 50% de probabilité d’avoir un cancer et une femme, 36%. Les inégalités territoriales et socio-économiques jouent à plein. Les cancers professionnels sont aussi fortement marqués socialement : 1 ouvrier sur 2 est exposé à des produits chimiques cancérogènes pour 1 cadres sur 43[1].

Pour les Mutuelles de France, le monde du travail ne doit pas créer un contexte qui aggrave l’état de santé des salariés. Les réformes intervenues depuis 2017 fragilisent la médecine du travail, réduisent la prise en charge de la pénibilité avec le C2P[2] (en-deçà du C3P[3] déjà peu engageant). Elles ont également supprimé les CHSCT[4] remplacés par une simple Commission SSCT[5]… Dès lors qu’elles « cassent le thermomètre », ces réformes constituent des régressions durables pour la santé et les conditions de travail, donc dans la lutte contre le cancer en particulier.

L’environnement professionnel doit être un creuset de promotion de la pleine santé

Au contraire, l’environnement professionnel doit être un creuset pour promouvoir une pleine santé. Quand près de la moitié de la population passe la majorité du temps au travail, la prévention, notamment en matière de cancer, doit s’y trouver renforcée. L’action d’information est un préalable et peut concerner de nombreux sujets : alimentation, environnement/perturbateurs endocriniens, cancers liés à l’âge, aux contraintes du travail… Les mutuelles peuvent utilement contribuer à cet effort, à la condition que soient dégagés des moyens de l’employeur pour le permettre : du temps auprès des salariés, une solvabilisation des actions notamment. En fonction des contextes professionnels, des actions de plus grande ampleur peuvent être menées, en coordination avec la médecine du travail et en lien avec des offreurs de soins mutualistes : dépistages, bilans de santé…

Enfin, si les cancers sont de mieux en mieux dépistés et de moins en moins mortels, ils restent la première cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme[1]. Leurs dépistages, à tous les âges de la vie, leurs prises en charge précoce tout comme l’accompagnement dans le parcours de soins, quel que soit le territoire et les difficultés sociales, sont un enjeu majeur pour la santé publique.

[1] Selon Santé Publique France

[1] Dares-DGT-DGAFP ; enquête Sumer 2010

[2] Compte professionnel de prévention

[3] Compte personnel de prévention de la pénibilité

[4] Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail

[5] Commission Santé, sécurité et conditions de travail

CARCOP : un dispositif d’une mutuelle de France pour accompagner la reconnaissance professionnelle des cancers

Sur le bassin de Roanne et jusqu’à Lyon, la mutuelle STRAP a mis en place une Consultation d’Aide à la Reconnaissance des Cancers d’Origine Professionnelle (CARCOP). Une vingtaine de dossiers constitués sont en cours et suivis avec le soutien de professionnels de santé bénévoles pour obtenir la reconnaissance de la CPAM. Indispensable à l’indemnisation du préjudice, cette reconnaissance est parfois un parcours du combattant dans lequel la mutuelle peut jouer un rôle décisif.

#LaSantéEstUnDroit, proposition #30 et #37 du Cahier de Propositions des Mutuelles de France

#30 Engager une démarche collective d’éducation à la santé tout au long de la vie, à l’école, à l’université, pendant la vie professionnelle et à l’âge de la retraite. On prendra soin d’adapter la démarche aux enjeux biologiques, psychologiques, sociaux et économiques de chaque âge de la vie et de prendre en considération tous les risques, particulièrement ceux liés au travail et ceux liés à l’environnement.

#37 Conforter la médecine du travail et garantir son financement et son indépendance. Il faut s’engager dans une prise en charge globale des risques du travail : environnement, matériel, matières premières, postures, management, psycho-sociaux… Toutes les parties prenantes doivent être impliquées et les financements dédiés être à la hauteur des besoins. […]

(Retrouvez ici l’intégralité de nos propositions pour mettre la population en sécurité sociale).