Au cours de sa vie, un homme a 50% de probabilité d’avoir un cancer et une femme, 36%. Maladie de mieux en mieux dépistées et de moins en moins mortelles, le cancer reste la première cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme[1]. Il est donc au cœur des enjeux de notre système de santé.
Mais l’exposition au cancer est aussi un marqueur des inégalités. Ainsi, les inégalités sociales de mortalité suite à un cancer en France sont parmi les plus importantes d’Europe. Et ces inégalités de mortalité ne cessent de se creuser, notamment pour le cancer du poumon et les cancers des voies aérodigestives supérieures. Les populations les plus fragiles économiquement sont aussi les plus exposées au tabac, à l’alcool et à la pollution[2].
Les cancers professionnels sont aussi fortement marqués socialement : 1 ouvrier sur 2 est exposé à des produits chimiques cancérogènes contre seulement 1 cadres sur 43[3].
Les disparités sociales ont aussi une traduction géographique nette. La Seine-Saint-Denis connaît des taux particulièrement élevés de cancer par rapport aux moyennes nationales. Pour la période 1990-1999, le taux mortalité masculine par cancer du poumon était de 65,3 pour 100 000 habitants en Seine-Saint-Denis contre 53,2 au niveau national. Une étude entre 2007 et 2014 confirme le constat.
Aux fortes inégalités d’exposition aux causes ou facteurs aggravant des cancers s’ajoutent des inégalités dans le dépistage en fonction à la fois de l’éducation à la santé et de l’accessibilité des professionnels de santé.
La crise Covid a fortement entravé la prise en charge des cancers avec une diminution du dépistage qui amène ensuite à la prise en charge de cancers plus avancés, plus difficiles à traiter. Plusieurs études font redouter une augmentation de 5 % de mortalité à cinq ans[4].
Enfin, le cancer est aussi impacté par les nombreux dysfonctionnements du marché du médicament. En 2019, sur quelque 1.500 médicaments signalés en rupture de stock dans les hôpitaux ou les pharmacies françaises, un quart concernait le traitement des cancers.
Ces ruptures de stock sont notamment dues à la production délocalisée. Faut-il rappeler qu’aujourd’hui, seuls 22% des médicaments remboursés en France sont produits localement, proportion tombant même 2% pour les anticancéreux. Mais elles sont parfois le fruit de politiques assumée des industriels visant à faire augmenter artificiellement les prix.
Inégalités sociales, professionnelles, géographiques ; limite de la politique de santé publique et indigence de la stratégie de recherche et de production des médicaments… à travers le cancer, ce sont donc plusieurs enjeux essentiels de notre système de santé qui sont mis en exergue.
Des enjeux auxquels les Mutuelles de France ont souhaité répondre à travers le cahier de propositions. Citons notamment :
- Parmi d’autres, les propositions 29, 30 et 35 visent à développer fortement la prévention et l’éducation en santé, notamment pour les publics les plus défavorisés.
- Les propositions 28 et 41, elles, ambitionnent de relocaliser la production de médicament et de renforcer la gouvernance sur les produits de santé.
Contre le cancer, et système de santé plus efficace et une protection sociale plus solidaire, nous vous invitons à consulter nos 42 propositions sur www.lasanteestundroit.fr
[1] Selon Santé Publique France
[2] Les inégalités sociales en soins de cancérologie : comprendre pour adapter les pratiques, ARS IDF, 2017.
[3] Dares-DGT-DGAFP ; enquête Sumer 2010.
[4] Delayed care for patients with newly diagnosed cancer due to COVID-19 and estimated impact on cancer mortality in France