On compte 9 000 décès par suicide par an en France et environ 200 000 tentatives. Selon une enquête menée en 2017, 1 personne sur 20 déclare avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois[1].
Le suicide : reflet des inégalités tous azimuts
Même s’il existe le plus souvent un élément déclencheur, les causes du mal-être sont multiples : précarité économique, isolement social, relations interpersonnelles non-bienveillantes, harcèlement, mauvaises conditions de travail, mauvaises conditions de vie… Les inégalités et les injustices tous azimuts agissent comme autant de facteurs aggravants.
Face à cette situation, il existe plusieurs moyens d’agir. Individuellement, face à des signes d’intention suicidaire dans son entourage, on peut se tourner vers les sites d’information, comme le 3114.fr, et, surtout, écouter et orienter la personne, autant que possible, vers des professionnels qui capables de la prendre en charge. Collectivement, cela suppose une véritable politique de santé publique prenant en compte la santé mentale et le bien-être de la population.
Un enjeu massif : la santé mentale
L’enjeu de santé mentale et de bien-être psychique est massif dans notre pays. Un tiers des personnes interrogées par la vague 36 de l’enquête COVIPREV 2022 de Santé publique France[2],présentaient un état anxieux ou dépressif. En France métropolitaine, les tentatives de suicide entrainent près de 100 000 hospitalisations et environ 200 000 passages aux urgences par an.
Malgré tout elle demeure le parent pauvre du système de santé à la fois dans son financement et dans une approche médicale trop centrée sur le curatif. Son financement doit augmenter afin de répondre aux besoins actuels. Davantage de place doit être faite à la prévention et au développement d’une culture de santé mentale. Les professionnels doivent être mieux formés et les populations, mieux sensibilisées. En parallèle, une coordination efficiente des soins en santé mentale entre la ville et les établissements doit se déployer.
Pour une politique ambitieuse de prévention au suicide
Une politique de prévention du suicide ambitieuse est également nécessaire autour de grandes campagnes nationales et de campagnes ciblés autour des publics les plus exposés à ce risque. Il faut se défaire d’une culture trompeuse : le bien-être psychique ne résulte pas d’une performance individuelle. Le niveau préoccupant de tentative de suicides en France est aussi un signal d’alarme sur l’état global de la société et de son fonctionnement. C’est pourquoi cela requiert un engagement déterminé et éclairé des pouvoirs publics aux côtés des nombreuses associations qui ont développé, chemin faisant, un savoir-faire précieux en matière d’écoute et d’accompagnement.
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[1] Données chiffrées sur le suicide en France, 3114.fr et Synthèse du bilan de la feuille de route — Santé mentale et psychiatrie (sante.gouv.fr)
[2] Comment évolue la santé mentale des Français pendant l’épidémie de COVID 19 – Résultats de la vague 36 de l’enquête CoviPrev (santepubliquefrance.fr)