Des inégalités de santé qui persistent face au tabagisme

Selon Santé Publique France, en 2021, 32% des 18-75 ans ont déclaré fumer, à nouveau en hausse après une période de recul entre 2014 et 2019.[1]

Cette hausse du tabagisme est marquée socialement : les chiffres de Santé Publique France montre que les écarts persistent et se creusent en fonction du diplôme, du genre ou du territoire :

  • Le taux de personnes non diplômées qui fument a augmenté, passant de 29%à 32% entre 2019 et 2021 contre 17% pour les personnes diplômées en 2019[2]. Ce qui fait un écart de 15 points entre les diplômés et les non diplômés
  • Certains groupes sont plus touchés par cette hausse du tabagisme quotidien. Chez les femmes de 18 à 75 ans, 23%fument quotidiennement en 2021, contre 20,7% en 2019.
  • En 2021, le tabagisme quotidien des 18-75 ans variait de 22% à 29% selon les régions de France métropolitaine. L’Île-de-France et les Pays de la Loireavaient le taux le plus bas (22%), alors que l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur présentaient une prévalence plus élevée (respectivement 28% et 29%).[3]

Ces données attestent du fait que la consommation de tabac reste un marqueur social. Fumer est aussi le fruit de facteurs et déterminants sociaux : catégories sociales, âge, métier, diplôme. Or le tabagisme vient renforcer encore des inégalités de santé.

Un besoin de davantage de politiques de prévention face au tabagisme  

Les Mutuelles de France portent la nécessité d’une approche globale en santé dont la prévention des risques serait le socle. En l’occurrence face au tabagisme, des campagnes de prévention territorialisées avec les moyens suffisants pour aller au contact des populations doivent être organisées. L’accompagnement à la réduction et l’arrêt du tabac doit être une priorité.

Le rebond de la consommation de tabac constatée notamment chez les femmes et les moins diplômés appelle à un renforcement des politiques de prévention avec une prise en compte des disparités sociales existantes.

Un fort besoin de régulation des pouvoirs publics contre les dérivés au tabac

Les politiques tarifaires contre le tabac des dernières années ont montré une relative efficacité mais déplacent le problème. Les hausses de tarifs ont renforcé les consommations auprès de réseaux illégaux sortants de tout cadre régulé avec les risques sanitaires que cela engendre. Ajouté à cela, le développement de dérivés au tabac (cigarettes électroniques ou « puff ») qui amènent les plus jeunes à « apprendre à fumer », dédramatisent le tabac et encouragent les pratiques addictives.

L’Etat doit prendre ses responsabilités et renforcer le cadre de régulation face au tabagisme dans toutes ses formes. L’enjeu est la définition d’une politique publique cohérente de lutte contre le tabagisme.

 

[1] Baromètre Santé Publique France 2021

[2] Baromètre Santé Publique France 2019

[3] Baromètre Santé Publique France 2021

Les Mutuelles de France défendent le besoin de fonder une véritable politique de prévention, comme nous le rappelons dans notre Cahier de proposition « la santé est un droit » :

  • Proposition #29 > Développer les démarches de promotion de la santé et de prévention et les solvabiliser. La promotion de la santé et la prévention sont des outils de réduction du risque et d’atténuation des effets de certaines affections. Elles améliorent la qualité de vie des personnes et réduisent, à terme, le coût pour la collectivité. L’enjeu est, d’une part, de mener une « révolution culturelle » en agissant sur tous les déterminants de santé, la culture de promotion de la santé et de prévention doit être transversale à l’activité de santé. D’autre part, il faut veiller à ce qu’elle s’adresse à toutes et tous.
  • Proposition #30 > Engager une démarche collective d’éducation à la santé tout au long de la vie, à l’école, à l’université, pendant la vie professionnelle et à l’âge de la retraite. On prendra soin d’adapter la démarche aux enjeux biologiques, psychologiques, sociaux et économiques de chaque âge de la vie et de prendre en considération tous les risques, particulièrement ceux liés au travail et ceux