En 2007, l’assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) a adopté une résolution déclarant que le 20 février de chaque année serait une journée consacrée à promouvoir la justice sociale. L’année suivante, l’Organisation internationale du travail (OIT) a voté à l’unanimité sa déclaration « sur la justice sociale pour une mondialisation équitable ». C’est la troisième déclaration de principe adoptée par la Conférence internationale du travail depuis la création de l’OIT il y a plus d’un siècle, en 1919.

La justice sociale n’est pas affaire de bons sentiments mais de développement du monde, d’équilibre des sociétés, d’émancipation des individus. Elle implique non seulement des salaires décents et une organisation du travail respectueuse des travailleurs mais également une protection sociale permettant la dignité de tous.

Sous l’impulsion des gouvernements successifs, la France suit pourtant le chemin inverse. La dégradation de notre système social, la remise en cause des services publics, l’abaissement de la valeur du travail (le salaire net et le salaire socialisé), sont autant d’attaques faites à la justice sociale. En faisant des choix dogmatiques libéraux, ces gouvernements prennent une lourde responsabilité pour l’avenir :

  • La réforme de l’assurance chômage réduit à la fois en valeur et en durée l’indemnisation des périodes de chômage. Au prétexte d’encourager un prétendu retour à l’emploi, on aggrave les conséquences des périodes de chômage.
  • La suppression de l’Allocation spécifique de solidarité va précariser encore plus les chômeurs en fin de droit et singulièrement les séniors.
  • La réforme du RSA, qui sera désormais versé sous condition de 15 heures hebdomadaires d’activités gratuites, va stigmatiser les allocataires, promouvoir un « travail gratuit » et compliquer le règlement des difficultés causées par la grande pauvreté.
  • Le recul de l’âge de départ à la retraite et la diminution des pensions va non seulement appauvrir les retraités, mais aussi dégrader la santé au travail, précariser la situation des chômeurs en fin de carrière professionnelle et.

En santé aussi, le gouvernement s’attaque à la justice sociale

L’augmentation des franchises et des forfaits médicaux, dont le texte vient d’être publié en catimini, va renchérir le coût de la maladie au prétexte de la « responsabilisation du patient », comme si la santé était une marchandise. Or, taxer les malades n’est ni juste ni productif.

Le maintien de la taxe de 14 et 21% sur les cotisations mutualistes prolonge une mesure injuste qui pèse sur les ménages sans distinction de revenu. Dans les faits, cette taxe devient dégressive : elle frappe plus durement les personnes en difficulté financières contraintes de recourir à des garanties minimalistes (contrats « non responsables » taxés à 21%) et les seniors dont les cotisations sont les plus élevées. Ces taxes augmentent le coût de la complémentaire. Elle confisque une partie des cotisations qui ne peut pas être consacrée au remboursement des frais de santé. C’est pourquoi nous menons la campagne « Pas de taxe sur ma santé ».

Les Mutuelles de France défendent des réponses différentes et inscrivent leur travail au service de la justice sociale. C’est le sens du cahier de propositions disponible sur www.lasanteestundroit.fr. Organisé autour de 4 thématiques – « construire une protection sociale universelle », « permettre l’accès de toutes et tous à la santé », « promouvoir la citoyenneté en santé », « faire de l’économie sociale et solidaire un levier du changement », notre cahier de propositions entend faire de la justice sociale un axe majeur de l’avenir du pays. Pour que toute la population soit effectivement en sécurité sociale.