Ce mot d’ordre rejoint les préoccupations des Mutuelles de France et de ses groupements, qui sont historiquement mobilisés sur les enjeux de la santé au travail. Ainsi, rappelons l’engagement historique de la Fédération des mutuelles de France aux côtés des victimes de l’amiante et de leurs familles, au sein de l’ANDEVA, pour dénoncer ce scandale sanitaire, mais également obtenir réparation en justice.

Un monde du travail qui altère encore trop souvent la santé

Aujourd’hui, encore, le monde du travail engendre des formes de risques pour la santé (risques infectieux, troubles musculo-squelettiques, risques psychosociaux, etc.) qui ne sont pas toujours ou mal pris en considération. Les dernières réformes ont fortement fragilisé la médecine du travail et limité encore son indépendance à l’égard de l’employeur. En France, les travailleurs sont encore trop fréquemment exposés à un environnement qui porte atteinte à leur santé :

  • Un salarié sur dix est exposé à un bruit supérieur à 80 dB (A) 10 heures ou plus par semaine
  • Encore 11 % des salariés sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène
  • Près d’un million de salariés sont exposés 20 heures ou plus par semaine à des contraintes articulaires
  • Parmi les salariés, les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH) sont très largement surexposés aux agents biologiques (73 % contre 43 % pour la fonction publique territoriale, 26 % pour la fonction publique d’État et 20 % pour le secteur privé)
  • Concernant l’intensité du travail, 45 % des salariés estiment qu’ils doivent « toujours » ou « souvent » se dépêcher dans leur travail et 30 % considèrent qu’ils doivent « fréquemment interrompre une tâche pour une autre non prévue » et que c’est « un aspect négatif de [leur] travail »[1]

Dans l’édition 2023 de son Observatoire, la Mutualité Française dresse un état des lieux met en avant les conséquences des expositions professionnelles sur la santé. Les accidents du travail et les maladies professionnelles constituent deux « marqueurs » permettant de « tracer » les problèmes de santé liés au travail. D’après cet observatoire, on peut noter ainsi :

  • Au sein de l’Union européenne, plus de 200 000 travailleurs décèdent chaque année de maladies professionnelles. La France se situe en haut du classement des pays européens avec 3,5 accidents du travail mortels pour 100 000 personnes en emploi en 2019
  • La France se distingue avec le taux d’accidents non mortels le plus élevé d’Europe (3 425 accidents du travail non mortels pour 100 000 personnes en emploi). La moyenne européenne se situe elle à un niveau deux fois moins élevé (1 603 accidents non mortels pour 100 000 personnes en emploi).
  • 39 % des Français considèrent que leur travail dégrade leur santé.

Les Mutuelles de France portent des propositions pour promouvoir la santé au travail

La France accuse encore un retard considérable en matière de santé au travail. Les travailleurs et les travailleuses doivent pouvoir exercer leur profession dans un environnement sain.

Aujourd’hui encore, les Mutuelles de France s’engagent pour faire de la santé un droit partout et portent des propositions pour améliorer la santé au travail :

Propositions :

  • Conforter la médecine du travail et garantir son financement et son indépendance. Il faut s’engager dans une prise en charge globale des risques du travail : environnement, matériel, matières premières, postures, management, psycho-sociaux… Toutes les parties prenantes doivent être impliquées et les financements dédiés être à la hauteur des besoins. Pour cela, il faut renforcer la médecine du travail qui se doit d’être indépendante et la doter d’un financement garanti afin qu’elle puisse jouer son rôle de façon efficiente. Les CSE et les Commissions Santé Sécurité et Conditions de Travail dont les moyens doivent aussi être renforcés participeront avec elle, mais aussi avec syndicats, employeurs à définir les lignes d’une médecine du travail du 21e siècle. Les mutuelles pourront être sollicitées pour leur expertise santé et investir une fonction de tiers de confiance pour les différentes parties afin par exemple de développer des actions de prévention
  • Engager une démarche collective d’éducation à la santé tout au long de la vie, dès l’école. Fondée sur une forme de culpabilisation individuelle des usagers, ce qui tient aujourd’hui lieu de stratégie de prévention se solde par un échec. Les comportements néfastes pour la santé comme le tabac, l’alcool, l’absence d’activité physique et la mauvaise alimentation sont à considérer au regard des conditions sociales et des états morbides. Ce ne sont pas des conduites individuelles décidées rationnellement mais des pratiques relevant d’attributs familiaux, de valeurs transmises, de références esthétiques, de modes de socialisation, souvent sous contraintes économiques. Engager une démarche collective d’éducation à la santé tout au long de la vie, à l’école, à l’université, pendant la vie professionnelle et à l’âge de la retraite. On prendra soin d’adapter la démarche aux enjeux biologiques, psychologiques, sociaux et économiques de chaque âge de la vie et de prendre en considération tous les risques, particulièrement ceux liés au travail et ceux liés à l’environnement.

Retrouver l’ensemble des propositions des Mutuelles de France dans notre projet de société solidaire « La santé est un droit »

[1] L’ensemble de ces chiffres sont issus de l’enquête « Chiffres clés sur les conditions de travail et la santé au travail – DARES – Août 2021 »