En 2030, la France comptera 21 millions de seniors de 60 ans ou plus, soit 3 millions de plus qu’en 2019. Ils représenteront environ 30 % de la population totale. Cette augmentation significative souligne l’urgence de politiques publiques ambitieuses et adaptées pour répondre aux besoins croissants de cette tranche d’âge. En effet, cette population vieillissante entraîne des défis complexes, notamment en matière de santé, d’autonomie et de qualité de vie. C’est pourquoi, les Mutuelles de France revendiquent des politiques publiques dynamiques et un financement pérenne de la branche autonomie à la hauteur des besoins.

La loi « Bien vieillir » ne vieillit pas bien !

Tout récemment, la loi « portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir et de l’autonomie » caractérise l’échec des quinquennats de Macron sur la question de l’autonomie. Ce sont les associations de personnes dépendantes (majoritairement des associations de retraités) qui le disent. Malgré quelques avancées mineures, comme la possibilité d’avoir un animal de compagnie dans son EHPAD, elle n’est pas à la hauteur des besoins de la population. L’abandon d’une loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge avant la fin de 2024 n’augure rien de bon. Les services d’aide à domicile sont en crise, avec une baisse d’activité de 7 % en 2023, incapables de répondre à la demande faute de personnels et de moyens financiers.

Le Conseil économique, social et environnemental estime lui aussi, dans un avis de mars 2024 intitulé « soutenir l’autonomie : les besoins et leurs financements », que les efforts financiers actuels sont insuffisants. Une véritable loi de programmation est nécessaire pour combler les 13 milliards d’euros de besoins supplémentaires d’ici 2030.

Le sous-financement laisse les aidants familiaux seuls

Ce sous-financement chronique auquel on ne remédie pas, couplé aux exigences de rendement des structures privées lucratives qui réduisent au maximum leurs coûts (humains et matériels), entraîne de la maltraitance, comme l’a souligné l’enquête publiée sur la société Orpéa par le journaliste Victor Castanet, « Les fossoyeurs » (prix Albert-Londres 2022).

Cette indispensable loi de programmation sur l’autonomie serait également une mesure fondamentalement féministe. En effet, à défaut de prise en charge par la collectivité, l’autonomie des seniors repose sur les aidants familiaux parmi lesquels les femmes représentent plus des 2/3. En prenant en charge les personnes dépendantes, les aidantes familiales assument ainsi un travail domestique non rémunéré. De plus, l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile est plafonnée, ce qui signifie que tous les besoins ne sont pas couverts.

Dans ce domaine, la mutualité s’efforce d’innover pour une prise en charge de qualité et un appui aux aidants, avec notamment des services de soins infirmiers à domicile. Cette volonté d’innovation au service des personnes rejette les logiques imposées par les acteurs privés cherchant à tirer profit de la dépendance. Une illustration de ce travail est l’action de l’Union des Mutuelles de Corse Santé (UMCS), qui gère trois EHPAD en Corse organisée autour d’un projet d’accompagnement humain à l’image des valeurs mutualistes.

L’enjeu de la dépendance ne se limite pas à la prise en charge des seniors

Notre engagement mutualiste ne se limite pas aux personnes âgées ; il s’étend également à l’accompagnement des personnes en situation de handicap, de polyhandicap et atteintes de troubles autistiques et de la personnalité notamment à travers les maisons d’accueil spécialisées, les foyers spécialisés, les Services d’activités de jour tels que ceux du réseau Oxance. En plus de fournir un accueil et des dispositifs d’accompagnement médicaux et paramédicaux, Oxance s’engage à offrir des services d’accompagnement pour faciliter la vie quotidienne.

 

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