Un éloignement des traitements aux conséquences graves

Le premier confinement, intervenu de mars à mai 2020, a conduit à l’éviction de patients de parcours de soins pourtant engagés, y compris dans des traitements contre le cancer. Cela a déjà eu des effets graves pour les malades confrontés à l’impossibilité de poursuivre leurs traitements pour des raisons propres à l’organisation des services de soins, débordés et réorientés en urgence pour traiter la flambée de COVID-19. Faute souvent d’alternatives proposées, et dans un climat particulièrement anxiogène, l’accessibilité aux soins a été rendue plus difficile voire interdite conduisant à une perte de chance face à la maladie.

À moyen et long terme, il faut s’attendre à des répercutions significatives sur la prise en charge précoce dès lors que le dépistage a lui aussi été fortement désorganisé et continu de l’être. Déjà trop faible, l’effort en prévention continue depuis un an, d’être une variable d’ajustement du système de santé concentré sur le curatif.

Engager des moyens exceptionnels immédiatement
• Ils doivent d’abord garantir le retour aux soins de tous les patients qui en ont été éloignés : rappels individualisés, accompagnement individualisé et sécurisé dans les établissements de traitements, reconstitution des stocks de médicaments en pénurie…
• Il faut ensuite intensifier les efforts de dépistages pour, autant que possible, effacer le retard accumulé. De ce point de vue, des campagnes doivent être engagées par les pouvoirs publics et relayés, le cas échéant, par tous les canaux existants, notamment dans l’offre de premier recours.

Dépasser la gestion à « flux tendu » de notre système de santé
En-dehors même du contexte de pandémie, la recherche de rentabilité de l’activité en santé a conduit à une gestion à « flux tendu » des patients, des structures de soins ou encore des organismes de protection sociale. C’est cette logique qui, mise en échec partout, met directement en danger les patients alors que le système subi la pression de la COVID-19.

La pénurie de médicament en est une illustration : l’Assemblée Nationale a voté en décembre 2019, à l’unanimité, une disposition contraignant l’industrie pharmaceutique à constituer des stocks de 4 mois pour l’ensemble des médicaments. Mais le décret d’application, pris par le gouvernement, a lui contourné cette obligation et l’a ramené à 2 mois et en limitant le périmètre d’application.
Les mutuelles de France proposent de faire de la situation une occasion d’ausculter et de réparer les failles du système de santé, soumis aux effets de 40 ans de logique libérale. Pour nous, le « retour à l’anormal » n’est pas une option. De la crise, doit être tirée une ambition plus grande quant à l’accès effectif à la santé :

• Faire de la prévention un socle de l’accès à la santé et non plus un accessoire

o Agir sur les déterminants de santé, notamment environnementaux, afin de réduire le nombre des cancers ;
o Élargir les populations cibles des opérations de dépistages systématiques afin de rendre plus précoce la prise en charge des malades ;
o Renforcer la médecine du travail dans ses prérogatives et ses moyens pour prévenir et prendre en charge effectivement la pénibilité, les troubles physiques et psychiques liées à l’activité professionnelle ;

• Créer un pôle public de recherche et de production de médicaments et de biens médicaux, au périmètre européen,

o Afin d’assurer une capacité de production et une accessibilité pour l’ensemble des populations ;
o Et contraindre les laboratoires à fournir des stocks suffisants de médicaments pour éviter les ruptures de traitements.

Selon un sondage réalisé pour France Assos Santé par l’institut ViaVoice
• Les annulations et reports de soins auraient concernés 47% des français depuis le début de la crise, principalement à la demande des organisations soignantes et, dans une moindre mesure, à l’initiative des patients.
• Ces reports/annulations seraient intervenus sans trouver d’alternative dans 56% des cas et sans information sur les effets induits pour 2/3 des patients .