Avec une dette avoisinant les 30 milliards d’euros et un déficit annuel approchant des 1,5 milliards, l’hôpital public traverse une crise considérable qui n’est pas sans conséquence sur les conditions de travail des soignants et la qualité des soins. La seule réponse apportée par l’État face à cette situation s’inscrit dans une logique comptable.

En 2018, le gouvernement a décidé de faire payer les malades pour renflouer les caisses. Le forfait hospitalier, qui représente la participation financière d’un patient aux frais d’hébergement liés à son hospitalisation, a été augmenté de deux euros par jour, passant de 18 à 20 euros le 1er janvier 2018.

Bien loin d’apporter une réponse satisfaisante aux problèmes des hôpitaux, cette nouvelle  « taxe » sur les malades va au contraire nourrir le renoncement aux soins.

Une goutte d’eau face à la crise de l’hôpital public

La situation dans laquelle se trouvent les hôpitaux n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, l’État se désengage de leur financement en maintenant un niveau de ressources inférieur aux dépenses réelles des hôpitaux. Ce sera encore le cas en 2018 puisque la progression de l’ONDAM hospitalière, fixée à 2,2 %, ne couvrira pas l’augmentation des charges, estimée à 3,3 % par la Fédération hospitalière de France (FHF).

Par ailleurs, la tarification à l’activité (T2A) mise en place en 2009 a profondément bouleversé le fonctionnement des hôpitaux. Les logiques boutiquières, les objectifs économiques et la recherche de rentabilité ne cessent d’affaiblir le service public hospitalier.

Un frein de plus dans l’accès aux soins

Avec la hausse du forfait hospitalier, le gouvernement prétend que l’ardoise est blanche pour les malades en arguant d’une prise en charge du surcoût par les complémentaires santés. La réalité est toute autre.

Outre les 180 millions d’euros du forfait hospitalier, les mutuelles devront faire face à de nouvelles dépenses en 2018 (revalorisation des tarifs des consultations, nouvelles rémunérations forfaitaires pour les médecins traitants, etc.). C’est près d’un milliard d’euros supplémentaires qui leur est demandé. La DREES (Direction d’étude et d’expertise pour les questions sanitaires et sociales) avait pourtant prévenu que les complémentaires ne pouvaient plus absorber de nouvelles dépenses sans les répercuter sur les cotisations. Agnès BUZYN, ministre de la santé, a beau faire mine d’ignorer que ses décisions ont des conséquences sur la capacité des Français à se soigner, augmenter les dépenses des mutuelles c’est bien augmenter les dépenses des assurés sociaux.

Alors que quatre millions de personnes n’ont toujours pas accès à une couverture complémentaire, la hausse des cotisations mutualistes imposées par les récentes décisions politiques est un frein supplémentaire à l’accès à la santé. Ces augmentations peuvent conduire certaines personnes, disposant d’un faible revenu, à renoncer à leur complémentaire santé pour des raisons financières.

Cela fait trop longtemps que, à défaut d’intervenir pour combler le déficit de l’Assurance maladie, les pouvoirs publics s’entêtent à opérer des transferts de charges de la Sécu vers les mutuelles. Le résultat est toujours le même : le reste à charge des malades ne faiblit pas ; le tarif des complémentaires non plus.