Fin 2017, la commission européenne annonçait une liste de vingt principes clés destinés à renforcer la dimension sociale de l’Europe, en instaurant un socle commun de droits sociaux. Toutefois, depuis cette annonce, les premières propositions se faisaient attendre. On y voit désormais plus clair puisque la commission a rendu public un premier projet de directive européenne visant à améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle des parents et des aidants familiaux.

Ce texte introduit notamment le droit de prendre un congé de paternité d’au moins dix jours autour de la naissance d’un enfant. Un congé d’aidant de cinq jours par an en cas de maladie d’un parent direct est aussi prévu. Ces dispositifs de congé seront assortis d’une allocation d’un niveau au moins équivalent à celui de la prestation de maladie.

Alors qu’Emmanuel Macron a pointé du doigt les conséquences économiques des améliorations prévues par cette directive, cinquante-et-une associations françaises agissant dans le domaine de la solidarité, ainsi que de cinq syndicats représentatifs des salariés l’ont explicitement soutenu en adressant des lettres ouvertes au Président de la République.

Tout comme les organisations associatives et syndicales qui se mobilisent pour améliorer les droits des européennes et des européens, les Mutuelles de France estiment que ce projet de directive est bienvenu.

D’une part, cette réforme devrait permettre de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, grâce à des congés mieux rémunérés et des possibilités de garder un pied dans l’emploi renforcées. D’autre part, elle pourrait contribuer à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes.

Aujourd’hui, ce sont essentiellement les femmes qui assurent la prise en charge d’un nouveau né ou d’un parent en perte d’autonomie. Cela nuit grandement à leur carrière professionnelle, tout en participant au maintien d’inégalités salariales importantes. En renforçant les incitations à l’égard des hommes, cette directive devrait favoriser une meilleure répartition des tâches et, ainsi, contribuer à faire baisser les inégalités.

Bien que l’esprit global aille dans le bon sens, certaines mesures pourraient être renforcées. C’est notamment le cas du nombre de congés rémunérés accordés aux proches aidant un parent en perte d’autonomie, qui sont en l’état limités à 5 jours par an alors que le droit français autorise des congés, certes non-rémunérés, mais pouvant aller jusqu’à trois mois, renouvelables dans la limite d’une année complète sur toute une carrière.

Enfin, s’il est toujours utile de traiter les symptômes, il est indispensable de traiter aussi les causes des problèmes. Pour atteindre son but, cette directive doit non seulement être appliquée, mais aussi être accompagnée d’un grand plan d’investissement en faveur de la prise en charge de la dépendance dans chaque état membre, ainsi que de politiques publiques volontaristes contre toutes les formes de discrimination de genre.