Les difficultés rencontrées dans les Ehpad permettent de mesurer tout le retard pris dans l’adaptation de la société au vieillissement. Plus spécifiquement, elles interpellent la société sur l’importance qu’elle souhaite accorder à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées.
Selon les dernières projections, le nombre de personnes de plus de 85 ans passera de 1,5 million aujourd’hui à près de 5 millions en 2050. Dans ce contexte, il est urgent d’anticiper les besoins futurs, d’adapter les mécanismes d’accompagnement et de penser les transitions.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a évalué l’impact de ces évolutions sur les dépenses publiques. La prise en charge de la perte d’autonomie, évaluée aujourd’hui à 24 milliards d’euros, représenterait plus de 2 % du Produit intérieur brut en 2060, soit près de 45 milliards d’euros par an. Parmi les solutions envisagées pour trouver de nouveaux financements, la création d’une seconde journée de solidarité est loin d’être satisfaisante. Elle rapporterait tout au plus 2,5 milliards d’euros chaque année, ce qui est très largement insuffisant et coûterait cher aux salariés.
Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, a récemment évoqué l’idée d’une assurance obligatoire pour la prise en charge de la dépendance. S’il s’agit d’une proposition intéressante, plusieurs conditions doivent être préalablement établie : il doit s’agir d’un système de garantie unique, obligatoire pour toutes et tous, fondé sur un système de répartition.
Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de trouver des solutions pérennes, permettant de dégager les ressources nécessaires pour assurer une prise en charge digne, quels que soient les choix des personnes en perte d’autonomie. La question du financement des Ehpad apparaît donc centrale, mais celles de l’adaptation du domicile familiale ou des compensations financières pour les proches aidants sont également primordiales.
La création d’une cinquième branche de sécurité sociale doit aussi être étudiée sérieusement. Cette solution, fondée sur la cotisation, permettrait de faire face aux diverses évolutions démographiques sans avoir à trouver sans cesse de nouvelles ressources.
Les Mutuelles de France se réjouissent qu’un débat sociétal soit organisé par le ministère de la santé à ce sujet. Elles contribueront à définir les solutions solidaires qui permettront d’assurer une prise en charge digne de nos aînés.