Défaut de la mise en œuvre de la politique d’éducation à la vie sexuelle et affective à l’Ecole

L’accès à la contraception implique une éducation à la sexualité dans le cadre de la scolarité ainsi qu’une information suffisante sur les moyens contraceptifs existants et les possibilités d’accès. Une obligation légale a été fixée par la loi du 4 juillet 2001 relative à l’IVG et à la contraception. Elle prévoit des séances obligatoires d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges, les lycées, et les structures accueillant des personnes handicapées, à raison d’au moins 3 séances annuelles par groupes d’âge homogène. Dans les faits, seuls 15 % des écoliers et des lycéens et moins de 20 % des collégiens en bénéficient, selon l’Inspection générale de l’éducation nationale. On observe une inapplication hétérogène sur les territoires. Les programmes d’éducation à la sexualité ne font pas l’objet d’évaluation et de suivi. Enfin, certaines populations en sont exclues telles que les apprentis, les élèves des maisons familiales et rurales, ainsi que les jeunes en rupture familiale et/ou situation socio-économique précaire. C’est bien contre cette mise en œuvre brouillonne de loi que les associations s’insurgent avec raison.

La nécessité du partage de la charge contraceptive entre les femmes et les hommes

D’autres failles entravent l’accès à la contraception. Condition de liberté et d’émancipation des femmes, on en déduit trop rapidement que la contraception est une « affaire de femme ». D’ailleurs, la charge mentale liée à la gestion d’une contraception (régularité horaire, rendez-vous et examens gynécologiques) qui se cumule avec la charge financière sont assumées principalement par les femmes. Plus de la moitié de celles -ci déclarent choisir seules leur moyen de contraception sans en discuter avec leur partenaire.

La contraception doit aussi devenir une « affaire d’hommes » ! Il existe aujourd’hui plusieurs contraceptifs masculins comme le préservatif, largement popularisé dans la prévention des IST, le slip chauffant, des traitements hormonaux et même chirurgicaux ou bientôt la pilule masculine, qui est encore à l’étude.

Une prise de conscience collective est nécessaire sur le partage de la charge contraceptive, tant mentale que financière, entre les individus engagés dans une relation sexuelle ou affective. Il faut également poursuivre l’effort de recherche publique pour de nouvelles méthodes contraceptives masculines.

Besoin d’une prise en charge de haut niveau de la contraception

Bien avant la légalisation de la contraception à la fin des années 1960, la mutualité ouvrière diffusait des informations à l’intention de ses adhérents. Les Mutuelles de France restent mobilisées pour un accès libre et choisi à la contraception.  En tant qu’actrices du système de santé et plus largement du mouvement social, elles portent la bataille pour le respect des droits sexuels et reproductifs. 

Les données récentes sur la contraception montrent une baisse du recours à la pilule chez les femmes de 20 à 24 ans au cours des 10 dernières années[1]. Cette baisse pose deux problèmes, celui de la prise en charge par la Sécurité sociale et celui de la recherche pour atténuer les effets secondaires de la pilule. La revendication d’une prise en charge de haut niveau de la contraception reste d’actualité. C’est une des conditions pour en permettre l’accès effectif, notamment aux jeunes.

Information, recherche, partage de la charge mentale entre les femmes et les hommes : le droit à la contraception reste un chantier d’avenir dans notre société. Les Mutuelles de France sont déterminées à y contribuer.

[1] Haute autorité de santé, État des lieux des pratiques contraceptives et des freins à l’accès et au choix d’une contraception adaptée, document de synthèse, 2013

En pratique