Pouvez-vous nous présenter la Cimade ?

 Depuis sa création il y a 85 ans, La Cimade agit pour le respect des droits et la dignité des personnes. Avec ses partenaires en France et à l’international, elle vient en aide aux personnes migrantes à travers ses permanences d’accueil, ses deux centres d’hébergement, son intervention dans les centres de rétention et en prison, ses ateliers socio-linguistiques. La Cimade mène également des actions de communication, de sensibilisation et de plaidoyer, pour faire connaître aux décideurs et au grand public les conséquences des politiques migratoires sur la vie des personnes étrangères. La Cimade est présente sur l’ensemble du territoire français, en métropole et en Outremer.

Comment évaluez-vous aujourd’hui l’accueil des réfugiés et des personnes migrantes au niveau national et en Europe ?

 L’Europe s’enferme de plus en plus sur elle-même, qu’elle construise des murs et militarise ses frontières ou réduise les possibilités d’obtenir un visa. Pour les personnes étrangères déjà installées sur le territoire, c’est un parcours semé d’embuches pour obtenir un titre de séjour et le conserver, quand bien même elles disposeraient d’attaches fortes sur le territoire, d’un emploi. Contrôlées, enfermées, expulsées, pour beaucoup de personnes migrantes les politiques européennes ne sont pas toujours accueillantes. Pourtant, les barbelés et les violences aux frontières n’empêchent pas les personnes de migrer puisqu’elles ne s’attaquent pas aux causes de la migration, elles ne font que contraindre les personnes à des parcours plus dangereux et réduire leurs droits.

En France, les lois en matière d’immigration s’empilent et à chaque réforme, les droits des personnes étrangères se réduisent drastiquement. Les politiques migratoires font primer la logique du tri et du rejet des personnes étrangères, au mépris de leurs droits fondamentaux.

L’Aide Médicale d’Etat est l’obsession des parti xénophobes. C’est pourtant d’abord un dispositif de santé publique utile…

L’AME permet l’accès à la prévention et aux soins pour les personnes étrangères en situation administrative irrégulière, une population en situation de grande précarité. Elle est nécessaire pour la protection de la santé individuelle et publique et son budget est maîtrisé. Mais le cumul d’obstacles administratifs que rencontrent ces personnes pour accéder au dispositif engendrent un taux de non-recours à l’AME de 50%. Par ailleurs ce dispositif fait régulièrement l’objet d’attaques politiques et médiatiques qui seraient justifiées par l’existence d’ «  usages abusifs  » du système de protection maladie par des personnes étrangères. Pourtant, les rapports démontrent que les fraudes sont extrêmement marginales. De même concernant les personnes demandant asile, aucune donnée n’étaye la crainte d’un « asile médical ».

 

Sarah Belaïsch

Directrice des pôles thématiques nationaux