La perte d’autonomie : un enjeu de société !
En 2020, 26,9% de la population est âgée de 60 ans ou plus, et 9,6%, de 75 ans ou plus. A l’horizon 2070, ce sera un peu plus d’un tiers de la population qui aura 60 ans ou plus et 18%, 75 ans ou plus[1]. En 2015, la France comptait 2,5 millions de seniors en situation de perte d’autonomie. Ce chiffre devrait passer à 3 millions en 2027 et à 4 millions en 2050[2]. Par ailleurs, 1 adulte sur 7 âgé de 20 à 59 ans souffre d’un handicap, limitant fonctionnellement sa vie quotidienne[3].
La prise en charge de la perte d’autonomie repose d’abord sur les proches. 9,3 millions de personnes, dont plus de 500 000 mineurs, déclaraient en 2021 apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie[4].
Depuis les années 1990, la réflexion chemine pour prendre en charge collectivement le phénomène social de la perte d’autonomie, avec le rapport Braun – Stourm ou celui du député de la Sarthe Jean-Claude Boulard en 1991. Le principe de l’aide personnalisée à l’autonomie est créé par la loi du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées.
Prise en charge de la perte d’autonomie
En 2021, la nouvelle branche de l’autonomie de la Sécurité sociale consacre 32,2 milliards d’euros au soutien à l’autonomie, principalement sous forme de financement du fonctionnement des établissements sociaux et médico-sociaux et de prestations individuelles favorisant le maintien à domicile[5]. Le rapport Libault de 2019 souligne la croissance nécessaire de ce chiffre[6]. Selon la DREES, le besoin de financement passerait à 60 milliards d’ici 2060[7].
Un rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat note que le reste à charge pour les personnes en perte d’autonomie et leurs familles s’élève à 7 milliards d’euros[8]. Les sénateurs soulignent également la très grande disparité et de profondes injustices dans la répartition de ce reste à charge significatif.
Une action publique qui tarde à être à la hauteur des enjeux
Les enjeux autour du financement ne peuvent être renvoyés ni aux particuliers ni à cette journée nationale de solidarité dont le bénéfice atteint péniblement 2,5 milliards d’euros. Pour assurer une prise en charge de qualité à tous, il est impératif de se doter de politiques publiques ambitieuses qui permettent le renforcement des moyens de la caisse nationale de solidarité et d’autonomie (CNSA). La prise en charge de la perte d’autonomie nécessite des réponses concrètes, solidaires et pérennes, et prenant en compte sa double approche sanitaire et sociale. Enfin, il ne s’agit pas seulement de soigner mais aussi de soutenir les personnes dans les multiples dimensions de leur vie quotidienne, quand une personne âgée sur quatre est en situation d’isolement.
Les propositions des mutuelles de France
Les Mutuelles de France défendent le besoin de fonder une véritable politique d’aide à la personne. Cette politique passe par la construction d’une filière professionnelle de l’aide à la personne, permettant le recours à la formation initiale et une évolution de carrière. La reconnaissance des compétences et des contraintes spécifiques liées à l’activité (horaires, déplacement, pénibilité…) justifie une revalorisation des rémunérations. Ceci afin de permettre à toutes les personnes en perte d’autonomie, de bénéficier de l’aide dont elles ont besoin, apportée par un professionnel.
[1] INSEE, Tableaux de l’économie française, édition 2020
[2] INSEE Première, Juillet 2019
[3] CNSA, Les chiffres clés de l’aide à l’autonomie, 2021
[4] INSEE, Études et résultats, février 2023
[5] CNSA, Les chiffres clés de l’aide à l’autonomie, op. cit.
[6] Dominique Libault, Concertation grand âge et autonomie, rapport à la ministre des Solidarités et de la Santé, mars 2019
[7] DREES, Personnes âgées dépendantes : les dépenses de prise en charge pourraient doubler en part de PIB d’ici à 2060, Études et Résultats, n° 1032, octobre 2017.
[8] Bernard Bonne, Michèle Meunier, Rapport d’information fait au nom de la mission d’évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale et de la commission des Affaires sociales, avril 2019.