Promouvoir le droit à la santé, c’est se mobiliser pour répondre aux besoins en termes de bien-être physique, social et psychique. Si la réponse aux deux premiers est loin d’être acquise, la santé psychique est souvent purement et simplement oubliée, par ignorance, gêne ou volonté de la cantonner à une faiblesse individuelle et intime. Ce que nous savons aujourd’hui sur la santé psychique dit pourtant exactement l’inverse.
La crise pandémique que nous traversons aggrave la situation. La disparition, temporaire mais prolongée, des interactions sociales a abouti à une explosion des situations de souffrance psychologiques[1].
Mais l’alarme a sonné dans un désert, tant notre système de santé mentale, d’abord relégué à un rôle de prise en charge de personnes que la société ne veut pas voir, a été malmené et négligé. Selon le Collectif inter-hôpitaux, entre 1980 et 2020, 70 000 lits d’hospitalisation psychiatriques ont été fermés – les deux-tiers ! – au prétexte d’un « virage ambulatoire » déployé sans réels moyens. La France compte désormais 82 lits de soins psychiatriques pour 100 000 habitants. A titre de comparaison, l’Allemagne en compte 131 et la Belgique 141[2].
Dès le début du confinement, les groupements des Mutuelles de France ont mis en place des services d’écoute et d’assistance psychologiques pour leurs adhérents, en ciblant, dans un premier temps, les adhérents isolés. De nombreuses mutuelles ont ensuite mis en œuvre la prise en charge de consultations psychologiques pour répondre à l’urgence.
Mais là encore, les pouvoirs publics sont en retrait. Les Assises nationales de la santé mentale, conçues sans l’ensemble des acteurs concernés, ont été maintes fois repoussées. Des mesures très insuffisantes ont été annoncées en direction des jeunes, comme le dénonce REVES Jeunes, le réseau des espaces de vie étudiante et de santé[3]. Les mesures prises sont trop faibles qualitativement et quantitativement. Alors que la gravité de la situation actuelle et de ce qu’elle porte en germe le commande, le gouvernement s’est borné, jusqu’à présent, à administrer la pénurie au lieu d’engager un renouveau de la politique de santé mentale.
Le chantier en la matière est pourtant essentiel. La prévention du suicide ne consiste pas seulement à empêcher un acte effectué par 200 000 personnes et qui entraîne 9 000 décès chaque année. C’est d’abord en amont qu’il faut agir, quand se met en place le cercle enfermant qui finit par faire apparaître aux yeux d’une personne sa disparition comme une solution. Et c’est aussi l’entourage qu’il faut accompagner dans cette phase délicate.
Le thème de cette 19e journée mondiale de prévention du suicide est « créer l’espoir par l’action ». Des acteurs associatifs, mutualistes, citoyens sont mobilisés. Les autorités doivent aussi être à la hauteur de ce qui est d’abord un défi pour la société toute entière, celui du bien-être.
Les mutuelles s’engagent ! En juillet 2021, les mutuelles ont annoncé la prise en charge, en parallèle des prestations parfois existantes, de 4 consultations auprès de professionnels, remboursées jusqu’à 60 euros. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Pour les Mutuelles de France, l’encadrement des pratiques des professionnels est une condition, à la fois pour garantir la qualité des soins et pour ouvrir la voie à l’indispensable prise en charge par la Sécurité sociale, permettant d’en assurer un accès effectif pour toutes et tous. Ressources :
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[1] Etudes et résultats n°1185, publié en mars 2021
[2] Eurostat > https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/tps00047/default/table?lang=fr
[3] Communiqué de lancement du dispositif « Ta permanence santé » du 18 mars 2021 > http://reves-jeunes.fr/communique-de-presse-de-lancement-du-dispositif-ta-permanence-sante/