40 ans après la fameuse alerte du Centre de contrôle des maladies d’Atlanta sur le cas de 5 jeunes hommes en bonne santé atteints d’une forme rare de pneumonie, le VIH-Sida est loin d’être vaincu en France. 173 000 personnes vivent avec le VIH et, en 2019, 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité dont 26% à un stade avancé de l’infection. On estime que 24 000 personnes ignorent encore leur séropositivité.
La pandémie de COVID19 a fortement entravé l’activité de dépistage en 2020 avec une diminution du de près de 60 % entre février et avril 2020, aussi bien pour le VIH que pour les IST bactériennes.
Au regard de ces données, la Haute Autorité de Santé recommande désormais que tous les médecins, et notamment les généralistes, puissent réaliser une prescription initiale de prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH. Le ministre de la Santé a annoncé que la mesure était effective à partir du 1er juin. Jusqu’à présent, seuls les médecins hospitaliers ou exerçant dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic étaient autorisés à le faire ; et les médecins généralistes pouvaient seulement renouveler une prescription.
Cette ouverture de la PrEP aux généralistes vise notamment à relancer sa prescription, alors que la crise sanitaire du Covid-19 a fortement diminué son recours, (-47 % pendant le premier confinement par rapport à 2019). « Un chiffre que l’on peut expliquer par la saturation des hôpitaux et l’incitation à ne s’y rendre que pour un motif vital » explique AIDES.
Cette mesure, fortement demandée depuis des années par les associations de lutte contre le VIH et de nombreux médecins, est essentielle : d’après la Direction générale de la santé, de 1 000 à 2 400 contaminations sont évitées chaque année grâce à la Prep.
Un pas de plus, donc, dans la bonne direction mais qui doit être suivi d’autres.
L’objectif « zéro contamination en 2030 » est encore loin. Les Mutuelles de France appellent à développer la démarche de promotion de la santé et de prévention, préservatifs, Prep, traitement post exposition. Les pouvoirs publics doivent, en accord avec ce portent les associations de lutte contre le VIH, mettre en œuvre des campagnes nationales de santé publique et des dispositifs ciblés pour informer les populations les plus exposées au VIH de l’existence et de l’accessibilité de la Prep.