A l’occasion de la journée internationale des droits des Femmes, les Mutuelles de France ont choisi de mettre en lumière l’importance, pour toutes les femmes mais aussi pour les hommes, d’une contraception accessible et librement choisie. En tant qu’actrices du système de santé et plus largement du mouvement social, les Mutuelles de France se mobilisent pour garantir le respect des droits sexuels et reproductifs. 

PARMI LES DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS : LA CONTRACEPTION

Depuis 1994, les Nations unies définissent les droits sexuels et reproductifs comme les droits de chaque personne de « jouir de sa propre sexualité, de l’exprimer, de pouvoir sans ingérence extérieure prendre des décisions personnelles concernant sa sexualité et la procréation, ainsi que d’avoir accès à l’information, l’éducation et aux services en matière de santé sexuelle et procréative »[1].

Au-delà d’une simple question de santé publique, l’accès à la contraception est une condition pour la liberté et l’autonomie des femmes. C’est un droit qu’il faut garantir, promouvoir et défendre. Chaque pays interdisant ou limitant l’accès à la contraception porte atteinte aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes.

UN ACQUIS RELATIVEMENT RÉCENT EN FRANCE

La légalisation de la contraception est un acquis relativement récent en France. Depuis 1967, de grandes avancées ont été parcourues. L’accès à la contraception a notamment été facilité pour les mineures en leur permettant de recourir au médecin de leur choix sans autorisation parentale ou de se voir délivrer sans ordonnance et gratuitement la contraception d’urgence. Aujourd’hui, 83 % des femmes d’âge reproductif utilisent une méthode contraceptive.

Les mutuelles ont été à la pointe de ce combat pour la contraception : plaidoyer auprès des pouvoirs publics, remboursement de méthodes contraceptives non prises en charge par la sécurité sociale et information – prévention.

Au-delà des dispositifs d’accès, de nouvelles méthodes contraceptives ont également été généralisées : l’implant, le patch et l’anneau vaginal, la stérilisation à visée contraceptive…

UN ACCÈS À LA CONTRACEPTION ENCORE TROP INÉGAL ET NORMÉ

               Des inégalités sociales et géographiques persistent 

Malgré ces progrès, on constate encore une utilisation socialement différenciée des moyens contraceptifs. Les femmes ayant des difficultés financières, peu ou pas diplômée ou vivant en milieu rural, n’utilisent pas du tout de contraception plus fréquemment que les autres. Seules 43% des jeunes utilisatrices de pilule en situation financière difficile sont totalement remboursées pour leur contraception.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences. A titre d’exemple, les premiers professionnels prescripteurs de contraception sont les gynécologues. Or, ils figurent parmi les spécialistes pratiquant le plus de dépassements d’honoraires. Ils sont également peu présents dans les territoires les plus ruraux.

En dépit de l’obligation légale, l’éducation à la sexualité est encore insuffisamment déployée en France. Son accessibilité varie notamment en fonction des catégories socio-professionnelles.

                Un libre choix de contraception qui n’est pas toujours garanti

Les méthodes contraceptives apparaissent très normées en France alors que plus d’une dizaine de moyens contraceptifs existent. En 2010, une femme de 15-49 ans sur deux utilise  la pilule. A titre de comparaison, 43 % des femmes d’âge reproductif en union utilisant une contraception ont recours à la stérilisation aux États-Unis.

La loi de 2016 sur la modernisation de notre système de santé a rappelé que « toute personne a le droit d’être informée sur l’ensemble des méthodes contraceptives et d’en choisir une librement. Cette information incombe à tout.e professionnel.le de santé dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles professionnelles qui lui sont applicables. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent l’en dispenser ». Une contraception efficace est une contraception choisie de manière éclairée en fonction de sa situation médicale, affective, de son mode de vie, de ses envies….

De nombreux moyens contraceptifs sont encore peu ou pas remboursés. La diversité des moyens contraceptifs existants n’est donc accessible qu’à une frange aisée de la population.

                Une contraception qui repose encore largement sur les femmes

Alors qu’en Espagne le recours à des méthodes contraceptives dites masculines représente plus de la moitié des usages contraceptifs, cela ne concerne que 15 % des usages en France. La responsabilité contraceptive est aujourd’hui considérée comme largement féminine. Il est important de rappeler que les hommes ont à leur disposition différents moyens de contraception : préservatif masculin, stérilisation, contraception hormonale masculine… Choisir librement sa contraception, c’est un choix mutuel. Par ailleurs, comment avoir une juste répartition des responsabilités parentales s’il est, en amont, considéré comme acquis que les méthodes anticonceptionnelles reposent quasi-exclusivement sur les femmes ?

LES MUTUELLES AGISSENT

Faute de mobilisation suffisante des pouvoirs publics, les mutuelles mènent des actions d’éducation à la sexualité, prennent en charge des moyens contraceptifs non-remboursés par la Sécurité sociale et forment les professionnelles de santé qui travaillent dans ses établissements aux problématiques de contraception.

 RAPPEL :

 
 

 

[1] Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994