Main basse sur la Sécurité sociale, suites…

Le gouvernement CASTEX continue l’oeuvre, engagée depuis déjà plusieurs décennies, d’affaiblissement méthodique et néanmoins silencieux de la Sécurité sociale. Derniers exemples en date :

  • Depuis 2019 et pour la première fois dans l’histoire, l’État s’est octroyé le droit de ne plus compenser les exonérations de cotisations décidées sur le budget de l’État : cela a d’ores et déjà réduit et va réduire dans les années à venir, les moyens disponibles de la Sécurité sociale.
  • Pendant la première vague de la crise sanitaire, des mesures d’urgences ont été financées sur le budget de la Sécurité sociale par décision de l’État. Ainsi, sans contester la nécessité d’assurer par exemple les gardes d’enfants suite à la fermeture administrative d’école, la prise en charge par l’Assurance maladie est en revanche discutable.
  • En mai 2020, en catimini alors que le pays est encore sous le choc du confinement, le gouvernement décide de prolonger la durée de vie de la CADES de 9 ans, son échéant étant reportée de 2024 à 2033. Le financement reposant sur la CRDS et al CSG, ce sont les ménages qui, pour l’essentiel, vont payer tout azimut : la dette accumulée des hôpitaux, produit d’années de restrictions budgétaires ; le déficit de la Sécurité sociale en lien avec la crise, évalué très approximativement, etc.

 

Ces décisions conduisent à un affaiblissement de la Sécurité sociale en contradiction flagrante avec les besoins de la population comme nous le rappelle la pandémie de Covid.

La quasi-généralisation des « exonérations de cotisations patronales », sous couvert de « réduction du coût du travail pour développer l’emploi », participent d’une désocialisation des risques sociaux déflagratrice pour le sentiment d’appartenance collective et dévastatrice économiquement pour celles et ceux qui sont privés ou voient se réduire leurs droits quand arrivent les coups durs.

Mettre en Sécurité sociale, un conquis social toujours d’actualité

Chacun sait pourtant, qu’en matière de santé publique, la réponse solidaire de tous pour assurer une protection de chacun est la seule voie possible. La santé publique ne peut laisser au bord du chemin une partie de sa population.

Les prises en charge financières inconditionnelles, décidées au plus fort de la crise, des quarantaines, des consultations, des tests, soulignent – en creux – que l’obstacle financier est bel et bien majeur pour se faire soigner en France. Une Sécurité sociale de haut niveau est, pour les mutuelles de France une ambition toujours d’actualité.

Congrès des Mutuelles de France – BREST – 27-28-29 octobre 2020
Bâtir des nouvelles solidarités pour dessiner nos jours heureux, c’est le premier sujet abordé à l’ouverture de notre Congrès. 250 mutualistes venus de toute la France sont attendus pour échanger pendant trois jours, autour d’acteurs du mouvement social, de la protection sociale et d’universitaires.

De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins

Alors que le pays n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui, la protection sociale ne doit pas être une variable d’ajustement des politiques fiscales des gouvernements. Elle doit oeuvrer pour une vie digne, à tous les âges de la vie. Cette ambition doit se décliner particulièrement pour accompagner les jeunes, durement touchés par la crise économique sociale, vers l’autonomie. C’est aussi l’exigence, pour nos aînés dont le nombre va croissant, d’une prise en charge publique de qualité face à la dépendance.

Dans l’immédiat, alors qu’une réforme des retraites est à nouveau annoncée par le gouvernement en brandissant l’égalité en étendard, les mutuelles de France revendiquent que cette réforme n’engendre pas dans les faits, des pertes de droits, ni immédiatement, ni à terme.

Attiser les oppositions entre les générations comme entre les populations, n’est ni acceptable ni responsable. C’est une trahison de l’esprit et de la lettre de la Sécurité sociale. Comme elles le font depuis leur création, les Mutuelles de France continueront à se positionner en soutien d’une Sécurité sociale puissante sur son financement et son périmètre et en complémentarité pour protéger toute la population.