L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) dénombrait 405 pénuries en 2016 ; ce chiffre est passé à 1 500 en 2019 et est au-delà de 2 000 en 2020 et 2021. 

Malgré plusieurs lois -dont la dernière en 2019 – pour limiter les pénuries, les mesures prises restent largement inefficaces jusqu’à présent. Ainsi, une récente enquête réalisée par BVA pour France Assos Santé a montré que près d’un Français sur quatre s’est déjà vu refuser la délivrance d’un traitement pour cause de pénurie. 

 

Pourquoi ces pénuries ? 

Les raisons de ces pénuries sont multiples mais la première est financière et liée à une stratégie industrielle. “Ces pénuries ne touchent pas les très chères innovations thérapeutiques mais des médicaments peu coûteux qui, bien qu’anciens et tombés dans le domaine public, constituent toujours l’essentiel de la pharmacopée” souligne un collectif de médecins hospitaliers dans une tribune publiée en août 2019. 

A cela s’ajoute le système de production massivement délocalisé 

  • 80% des ingrédients pharmaceutiques actifs (IPA) proviennent d’Inde ou de Chine, 
  • 40% des médicaments vendus en Europe proviennent d’Inde ou de Chine, 
  • Ainsi, la Chine et l’Inde produisent 60% du paracétamol, 90% de la pénicilline ou encore 50% de l’ibuprofène dans le monde. 

Les moyens de production sont de plus en plus concentrés, ceci indépendamment des aires géographiques de consommation. Une usine de principes actifs s’arrête en Chine, c’est toute la chaîne de production jusqu’aux patients qui s’interrompt. 

 

Quels impacts sur la sécurité des patients ? 

Cela peut concerner la santé des patients de manières différentes. L’allongement du délai de prise d’un traitement peut amener à une aggravation des symptômes, entraînant parfois de graves séquelles, voire mettre en péril des vies. C’est notamment le cas du cancer pour lesquels l’indisponibilité de molécules a déjà privé de chimiothérapie certains patients. 

La recherche d’une alternative médicamenteuse peut aussi amener un risque en santé accru : le substitut peut contenir une posologie et/ou une concentration différente à laquelle le patient, parfois, réagit mal. 

 

There is alternatives !* 

Il existe pourtant des solutions :  

  • La constitution de réserves stratégiques et leur suivi/renouvellement au-delà de ce qui est fait aujourd’hui (à l’image des masques) ; 
  • La relocalisation de la production qui induit des investissements matériels dans l’outil de production (usine) et la formation de personnels dans ces domaines sensibles ;  

Dans le cadre de la campagne « Pas de profit sur la pandémie », la FMF avait aussi inscrit certaines mesures dans son Cahier de propositions, notamment la levée des brevets (proposition 28) et le pôle coopératif du médicament (proposition 41).

 

*il existe des alternatives