En 2022, selon le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida[1], 39 millions de personnes vivaient avec le VIH[2], 29,8 millions avaient accès à une thérapie antirétrovirale, 1,3 million de personnes ont été infectées et 630 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes[3].
Plus de 9 millions de personnes sont encore sans traitement, dont près de 700 000 enfants, les femmes et les filles sont toujours touchées de manière disproportionnée. Au vu de ces données issues d’un récent rapport d’ONUSIDA[4] tout incite à renforcer la lutte contre le sida.
Mettre fin au sida : « une opportunité corrélée à des actions ! »
« Nous avons espoir mais nous ne sommes pas habités d’un optimisme désinvolte qui s’installerait parce que tout se passe comme prévu, dit Winnie Byanyima, directrice d’ONUSIDA. Il s’agit plutôt d’un espoir qui s’enracine en nous à la vue d’une opportunité de succès, d’une opportunité corrélée à des actions ».
En effet, le sida ne s’éradiquera pas de lui-même. Pour mettre un terme à la pandémie, il faut, plus que la mobilisation scientifique. Le sens du mot d’ordre 2023 d’ONUSIDA – « confier le leadership aux communautés » rappelle que la lutte contre le sida repose sur des leviers familiers aux militants mutualistes :
- Rien pour nous sans nous : les programmes pour mettre fin au sida doivent se construire et être mis en œuvre avec les personnes touchées par le VIH et celles qui y sont exposées.
- Un engagement financier à la hauteur des besoins : un engagement financier des États dans la prévention, dans le système de santé, dans des dispositifs de protection sociale qui mettent réellement les populations en sécurité sociale et qui permettent un droit effectif à la santé.
- Un combat contre les discriminations : faire reculer partout dans le monde les législations discriminant les orientations sexuelles et les identités de genre, c’est faire progresser l’accès aux droit et l’accès aux soins.
Une démarche politique pour le droit à la santé
Autrement dit, « confier le leadership aux communautés », c’est s’engager dans une démarche politique pour le droit à la santé, c’est choisir de s’inspirer des pratiques développées au plus près des personnes vivant avec le VIH. C’est aussi souligner l’enjeu financier de cette lutte.
Ce mot d’ordre est aussi une référence à l’histoire de la prise en charge de cette pandémie. La lutte contre le sida a d’abord été celle de premiers militants souvent eux-mêmes affectés, combattant pour une information, une politique de prévention, un accompagnement et la mise en place d’une prise en charge pertinente. C’est cette mobilisation militante inédite qui a permis par la suite une mobilisation de la société et une évolution des pratiques médicales, d’abord tâtonnantes.
Les Mutuelles de France pour le droit à la santé
Les Mutuelles de France restent mobilisées pour le droit à la santé de toutes et tous. Comme toutes les personnes prises en charge en « affection longue durée » (ALD), censées être couvertes à 100 % par l’Assurance maladie, les personnes vivant avec le VIH, ont dans les faits les restes à charge les plus importants. Cette réalité, qui résulte du rabotage progressif de la Sécurité sociale, constitue une entrave dramatique à l’accès aux soins. Nous savons pourtant que des enjeux forts de la lutte contre le sida sont le dépistage et la prise en charge médicale des personnes touchées. C’est pourquoi nous nous battons pour une Sécurité sociale de haut niveau.
La lutte contre le sida est avant tout une lutte pour l’égalité et pour un accès aux soins pour tous. La santé est un droit, mais aussi un combat dont la lutte contre le Sida nous rappelle l’urgence vitale !
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[1] Le VIH, c’est le virus de l’immunodéficience humaine. Il s’agit d’un rétrovirus qui infecte les cellules du système immunitaire de l’être humain et provoque le sida (syndrome de l’immunodéficience acquise).
[2] On parle désormais de « personne vivant avec le VIH » et non de « personne séropositive », car une personne sous traitement ne présente pas de symptôme significatif. Ajoutons que quand le traitement permet une charge virale indétectable, le virus est intransmissible.
[3] Une maladie opportuniste, c’est est une maladie due à des germes habituellement peu agressifs, mais qui est susceptible de provoquer de graves complications en affectant des personnes ayant un système immunitaire très affaibli.
[4] La voie pour mettre fin au sida / The Path that Ends AIDS, ONUSIDA, juillet 2023.